#BoycottHumanZoo I : le racisme s’invite au musée

 

Après les nombreuses discussions sur le net et les articles éparses et discrets sur le sujet, Po Lomami et moi-même avons décidé de rédiger cet article sur Exhibit B. Ce dernier sera publié en 2 parties : l’une qui va suivre ci-dessous et la seconde, qui sera publiée dans 3 jours sur le site de Po. Malgré les deux plateformes, nous indiquerons bien sûr les liens de chaque partie pour l’unité de cet article, et maintenons que la rédaction de ce dernier s’est fait à quatre mains. Il n’est donc pas question ici de points de vue séparés mais bien d’un malaise et d’une colère commune.
Nous devons l’avouer, il nous a fallu un moment.
Il nous a fallu un long moment, les pas traînants, pour accepter de prendre le temps de nous asseoir, de regarder droit dans les yeux ce qui est en train de nous tomber dessus, de traduire notre colère dans sur ces pages, d’articuler nos différentes optiques, l’une de nous évoluant dans une perspective vegan et antispéciste,  et faire face à la promotion de cette nouvelle “oeuvre”, beaucoup de temps pour réaliser qu’aujourd’hui, en 2014, on nous demande de prendre place comme spectateur pour regarder une personne noire, comme nous, derrière une cage, au nom de l’Art. Il nous a fallu aussi du temps pour comprendre que tout cela était réel. C’est-à-dire que, de tous les spectacles, performances, scènes, films que nous avons vus, de tous ces champs publics dont nous étions bien absents et effacés, nous ne nous attendions pas à ce que l’Art se penche sur notre cas pour aller aussi loin. On était déjà bien habituées à la mise en avant de notre capital exotique sur lequel beaucoup d’institutions muséales se reposent. Tout au plus, on commençait à s’habituer à ce que la “Vénus  Hottentote” demeure cette douleur sans nom, femme que l’on nomme comme exemple de l’animalisation du corps noir jusqu’à la dissection de ses organes génitaux, mais dont la barbarie de son sort ne pointe pas les auteurs.
Oui, à la limite, dans une fresque toujours tronquée, à la représentativité caricaturale et bancale, on ne s’attendait pas à voir un jour la promotion d’une oeuvre telle que celle de Brett Bailey :
“Des femmes en cage, des hommes enchaînés. Voici quelques-uns des tableaux vivants qui seront présentés dans l’exposition Exhibit B à l’espace 104 à Paris du 7 au 14 décembre 2014. L’artiste sud-africain Brett Bailey a choisi pour thème notre passé colonial”
“Notre passé colonial”. Un “notre” bien hypocrite quand il s’articule uniquement sur la servitude des corps noirs pour une exposition au musée. Voilà donc plusieurs jours que cette exposition est questionnée sur son racisme. A peine daigne-t-on soulever l’annulation de cette même exposition outre-manche, il nous revient d’anticiper les cris à la censure et à la liberté d’expression ; soit une liberté qui se complaît dans le dénigrement et le rabaissement des mêmes minorités ethniques dans l’espace médiatique.
Ainsi, l’Art serait une raison suffisante, une terre assez sainte et sacrée pour échapper à ce qui imprègne toute une société. Il serait le terrain neutre des rapports de force dans une société occidentale profondément marquée par son refus d’entendre parler de la race, préférant voir un antiracisme sans queue ni tête dans le fait de ne pas prononcer le mot “noir” et de “ne pas voir les couleurs des autres“. Ce perpétuel effacement d’enjeux sociaux liés à la race a de lourdes conséquences.
C’est ce qui permet aujourd’hui d’entendre des personnes s’accorder sur la connotation raciale des corps noirs dans cette oeuvre et qui  refusent en même temps d’inclure la couleur de l’artiste dans l’équation.  Aujourd’hui encore, le blanc est une couleur que l’on ne peut nommer.
C’est ce qui permet aujourd’hui aux défenseurs de cette oeuvre de soutenir qu’il y a dénonciation du racisme, alors qu’ils nient ce qu’en pensent les premières victimes : les diasporas noires, donc.

 

1) “Parlons de racisme mais pas de races”

Donc, résumons : un artiste sud-africain blanc a décidé de reproduire un zoo colonial avec des personnes noires, à la manière des zoos coloniaux qui ont pris place durant la colonisation et expositions universelles, à l’adresse des personnes blanches. On invite donc à payer une vingtaine d’euros pour revivre cette expérience unique, celle de regarder en cage des personnes noires. Si le zoo colonial était problématique dans le passé, quelle est la différence avec celui d’aujourd’hui qui prendra place à Paris en Décembre ? C’est la question que nous nous sommes posées face aux justifications bancales qui nous ont été dites :
  1. “le zoo colonial de Brett Bailey dénonce”: la reproduction fidèle d’un zoo humain tiendrait en lui-même de la dénonciation, mais comment ? En exposant uniquement des corps noirs enchaînés sans la mise en avant des mécanismes de dominations, tant par l’absence des acteurs (les colons blancs) que par les institutions, on reste dans le fantasme selon lequel notre contexte – une civilisation occidentale, ou du moins, une société française en 2014 – serait assez parlant de lui-même. Eh oui, qui oserait une seconde faire un zoo humain “pour de vrai” en 2014 ?  L’exposition dans un musée préserve ce “pour de vrai“, comme si le musée en tant qu’institution, serait un terrain de fiction, un endroit spécial et indépendant de la xénophobie exercée dans notre société.
    Ce traitement du musée et de l’Art comme un hors-contexte de notre Histoire reprend les mêmes mécanismes que le racisme : soit cette croyance que le passé est détaché et séparé de notre présent. L’artiste compte ainsi sur une sorte de fierté contemporaine, où la société “si évoluée” que nous connaissons aujourd’hui ne serait plus au fait de son racisme, mais, surtout, que le passé colonial est une chose révolue, indépendante de notre présent. Or, le passé colonial, tout comme le racisme, demeure une oppression latente qui trouve ses racines dans le temps et qui est perpétuée. Le refus d’entendre aujourd’hui les réactions des diasporas noires à cette exposition est une énième preuve que le corps noir n’est considéré que dans ce qu’il peut apporter à une narration, dont il n’est pas l’auteur.
    L’exhibition de corps noirs enchaînés, dans une passivité imposée, et ce sans que les colons n’apparaissent, est un choix de narration qui n’est en rien une dénonciation, mais juste le maintien d’une tradition coloniale où on ne laisse jamais le corps noir se dire et se raconter. On l’expose à une fin tacite et nauséabonde : soulager les consciences en flattant l’ego du spectateur qui se dira “c’était pas bien ce qu’ils ont fait dans le passé”, sans se rendre compte qu’il participe lui-même au maintien d’une oppression raciste.
  2. Le corps noir, crash test de l’antiracisme : le corps noir demeure ainsi le crash test de la bonne conscience. “Allons au musée voir comment je réagis face à ces êtres animalisés et en cage !”, le spectateur pourra se flatter de cet après-midi découverte où sa mise en rapport avec un exotisme raciste pourra le gêner, le surprendre, tout au plus le bousculer un peu avant qu’il reprenne son quotidien. Brett Bailey fait du corps noir une performance, comme il en était question déjà à l’époque coloniale, donnant ainsi l’impression que tout le monde a quelque chose à dire sur le sujet. Or, si nous avons tous la possibilité de dire quelque chose sur le racisme, nous n’en sommes pas tous victimes.
  3. Artiste noir ou blanc, quelle différence ? Vouloir dénoncer le racisme à travers une oeuvre quand tout le monde refuse de prendre en compte la couleur de l’artiste, cela montre un peu l’état de l’antiracisme en France : “parlons du racisme sans races !”, comme si le racisme (d’hier ou d’aujourd’hui) ne tenait qu’aux murs du 104, le temps d’une exposition… N’en déplaise aux défenseurs de l’exposition et à l’artiste, mais le racisme n’est pas une question d’intentions. Il repose sur un système de rapports de force entre dominants et dominés, dont les victimes de cette oppression se voient volés leur parole pour justifier tout et n’importe quoi. Personne n’a demandé à Brett Bailey de faire ce zoo humain. Personne n’a demandé à mettre en avant l’animalisation des Noirs pour un besoin de catharsis, ni de devoir de mémoire de la sorte.

2) L’appel à une objectivité choisie

Bien souvent, face à la dénonciation du racisme de l’oeuvre, nous nous sommes heurtées à un implacable appel à l’objectivité. C’est souvent ce qui suit lorsque l’on dénonce une oppression sociale : “vous exagérerez et voyez le racisme partout !”, on traite le racisme ou la xénophobie comme une affaire de sensibilité et de subjectivité trop aiguë, une pratique facile pour rendre illégitime l’expérience et le vécu des victimes de racisme, nous obligeant à perdre énergie pour expliquer que le racisme est raciste. Toujours dans une démarche pédagogique, résumons les trois réponses fréquentes :

  1. Vous n’avez pas encore vu l’exposition !: Certes. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’exposition passe en France, mais il faut croire que les réseaux sociaux ont cette bonne faculté à faire remonter à la surface ce qui voudrait passer inaperçu. Le choix est pourtant simple : on peut choisir de payer pour voir par curiosité cette oeuvre et se faire son idée, participant ainsi au divertissement raciste, encourageant l’idée que l’oeuvre tient à une performance de Noirs en cage. Cela justifierait l’exhibition animalisante qu’elle suppose. Mais après tout, les minstrel show où des acteurs blancs mettaient en scène des Noirs pour faire rire leur public attirait les foules, c’était certainement là aussi une question de curiosité ?
    OU on peut choisir d’estimer que le principe du zoo colonial en lui-même est assez déshumanisant, et convenir qu’”Un après-midi dans la peau d’un colon” n’est pas le moyen le plus sain pour réfléchir à son antiracisme.
  2. “Et si c’était un artiste noir ? Et si c’était des hommes blancs ?”:
    … Dans un appel à l’objectivité, nos interlocuteurs estiment que leur subjectivité a une valeur neutre. C’est bien là ce qui ressort quand l’inversion des races des acteurs constituerait un argument, alors que:
    1) Non seulement on évite de parler de race, mais on prend bien garde à ne pas mentionner celle de Brett Bailey ni celle de la majorité du public attendu à cette représentation, ni celle du système dans lequel tout ceci a lieu.
    2) en envisageant ce genre d’hypothèse, on considère le racisme comme une histoire de mélanine trop élevée. Par conséquent, on nie le racisme comme un système reposant sur une animalisation, voire bestialisation historique des personnes noires ( une telle animalisation qui, devons-nous le préciser, n’a jamais concerné les Blancs).
    3) les défenseurs de Brett Bailey prônent l’importance du contexte de l’exposition mais s’adonnent à toutes les hypothèses possibles pour le défendre. Son contexte reste une mise en place d’une représentation par et pour les blanc·he·s pour soit-disant dénoncer le racisme par un procédé raciste. Or, si l’oeuvre n’est pas défendable dans son contexte même, qu’en déduit-on ?… Qu’elle est raciste.
  3. “Liberté d’expression !”: la liberté d’exhiber un imaginaire raciste dans une institution publique primerait sur la déshumanisation des corps noirs qu’encourage cette exposition, parce que « liberté d’expression oblige ». Quand on sait que cette liberté d’expression est l’argument phare de politiques et intellectuels xénophobes, nous peinons encore à comprendre comment nos interlocuteurs peuvent nier une autre liberté que la leur : celle d’autrui, celle de pouvoir vivre et être considéré comme un être humain sans craindre de voir exposer ses semblables dans des cages pour le bien d’une expérience.
  4. “Il s’agit d’un musée ! Rien de raciste à cela !”: si les institutions étaient vierges de toute discrimination, cela n’aurait pas conduit à des abominations comme celles que l’exposition universelle a pu abriter, ni  aux spectacles d’hypnose de femmes dites “hystériques” qui satisfaisaient un public français, lui-même friand de voir l’exhibition de personnes malades aux devants des hôpitaux.
  5. “Il y a des personnes noires qui ont accepté de servir cette exposition !”:
    prendre comme caution les personnes noires qui ont participé à l’oeuvre sans se soucier ni des conditions économiques, ni des plaintes qui ont suivi également la participation de certains travailleurs·euses, c’est juste vouloir soulager une culpabilité blanche dans le vide. Mais allons plus loin avec un petit regard économique.
    Le racisme et le colonialisme ont servi des objectifs économiques, capitalistes, et nous percevons des relents de cela. En effet, posons un œil sur les méthodes de recrutement et de rémunération des travailleurs·euses. Bailey touche son cachet et obtient une notoriété tout en s’accordant une bonne image de dénonciateur du racisme et d’artiste incontournable. De l’autre côté, les figurant·e·s étaient payé·e·s 110€ brut pour 3h de représentation tandis qu’au Théâtre Gérard Philippe ce sera 120€. Rappelons que ces lieux sont financés par l’argent public.

“Ce qui est amusant c’est que le metteur en scène prétend avoir fait ce projet pour dénoncer la permanence des relations violentes entre noirs et blancs (…) Par ailleurs il ne fait aucune politique de respect en terme de rémunération des artistes. Il touche son cachet et continue sa chasse à la notoriété. Au 104, les artistes étaient payés 110€ brut pour 3h de représentation et au TGP ce sera 120€. Là je crois qu’on ne peux pas trouver plus bel exemple d’appropriation culturelle et d’exploitation décomplexée.”lien

 

En d’autres termes, les institutions n’ont jamais empêché le dénigrement et l’animalisation du corps d’autrui.
Elles n’ont jamais préservé le corps des dominés (soit des personnes non-blanches, non-cis, non-hétérosexuelles, non-masculines, non-valides, etc) d’un cirque du voyeurisme, qui a alimenté l’Histoire et justifié des discriminations sur des bases dites scientifiques, psychologiques, historiques ou… artistiques.
La dispense de tolérance accordée à l’Art, à Brett Bailey et à la collaboration des institutions dans la mise en avant de cette oeuvre, est symptomatique du climat xénophobe actuel, en France et en Europe. Espérer que les musées soient des lieux d’instruction tout en pratiquant un laxisme dangereux sur les expositions qui y sont proposées, c’est cautionner le maintien et l’enseignement des discriminations à l’égard des personnes visées. La profonde apathie face à l’exposition d’un être humain nous interroge sur l’état malade de cette société. Si vous jugez tolérable ce genre d’exhibition d’une part de l’humanité, c’est que vous considérez cette humanité comme valant d’être placée sous verre.
Face à cette violence constante, nous nous demandons : quand le racisme vous choquera-t-il ?

 

dsKykDB

Brussels, Belgium in 1958.

Paris, 1907

Ainsi, si après ces quelques mots, la présence du racisme jusque dans un musée vous semble exagérée, demandez-vous surtout jusqu’où le déni ambiant lui a permis de perdurer et de s’infiltrer; demandez-vous à quel point les rouages de cette vieille oppression centenaire s’est infiltrée au point qu’aujourd’hui, cette exposition ne choque personne.

 

Po Lomami et Mrs Roots

 

 

Seconde partie :
#BoycottHumanZoo II : à la culture de notre servitude

 

 Pour aller plus loin :

 

Merci à Evanarchiste pour la relecture. 🙂

29 thoughts on “#BoycottHumanZoo I : le racisme s’invite au musée

  1. C’est plein de fautes, avez-vous désactivé vos correcteurs d’orthographe et de grammaire? C’est à ce demander si vous vous êtes relues.
    Certaines phrases n’ont plus de sens tellement il y a de fautes. D’autres n’ont pas de sens du tout, il n’y a pas de verbe, il y a trop de propositions mal coordonnées entre elles.
    Une petite liste :
    Manque beaucoup de ‘s’ au pluriel
    Confusions est-et
    Confusions entre à + infinitif et participe passé
    Faute d’orthographe sur des noms communs
    Sujet au pluriel verbe au singulier
    Mots manquants

    Si vous ne savez pas les corriger vous mêmes copiez-collez votre texte dans un éditeur de texte (libre office ou open office ou Microsoft Office Word) et activez le correcteur. Ça ne sera pas parfait mais les pluriels et les participes passés basiques seront corrigés. Attention ce ne sera pas automatique, il faudra reprendre tout le texte mais les fautes seront soulignées en rouge et une correction sera proposée en cliquant droit sur le mot.

    • Merci pour l info, on a le nez dans ce texte depuis plus d une semaine et etant donné le sujet vous comprendrez que ce n est pas l orthographe qui a retenu notre attention. Bref, ce n’est pas un correcteur automatique dont on a besoin mais un oeil neuf et attentif qui le relit en ce moment même. 😉 Désolée pour ce désagrément!

    • Wow, retenir que les fautes d’orthographe, qui sont trèèès peu présentes, et qu’on a même du mal à remarquer avec tout ce qui est dit. Je me demande d’où est venu cette sacralisation de l’orthographe ?
      C’est toujours bien de détourner le sujet quand on parle de racisme et d’autres descriminations, en accentuant le point que sur si y a eu “est” ou “et”. J’ai même pas envie de dire plus…
      Et franchement bravo et merci énormément pour ce texte, qui m’a vraiment m’a vraiment réveillé car je ne considérais pas toute la portée et la gravité de cette exposition !

      • Merci pour ton commentaire Ayata ! Nous espérons que la seconde partie t’apportera tout autant ! Si tout le monde ne s’accorde pas sur cette gravité, nous voulions au moins faire entendre ce que certain-e-s d’entre nous pensent ! Bonne continuation.

    • La question de la faute…qu’est-ce que cela signifie de relever les fautes d’orthographe ? De quelle véritable faute s’agit-il ? Pourquoi lire un article aussi réfléchi et qui nous pousse à réfléchir pour ne pointer que les fautes ? Où est la vôtre ?

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  4. Je ne savais pas qu’une telle exposition était en préparation. Au delà de la couleur, ce qui me choque c’est qu’on mette des Hommes enchaînés en cage.
    Boycott ? Libre à chacun, c’est le rôle de l’Art de jouer avec les limites de l’acceptable et du politiquement correct. Il y a bien des artistes qui font des expositions avec des cadavres et bien d’autres performances ultra choquantes…

  5. Dans ce cas, quel sens donne tu au sens diaspora ? Noir, ce n’est pas un peuple avec une histoire ou une culture commune. Juste une couleur de peau portée par des peuples issus de lieux divers (Sri Lanka, Océanie, Afrique… ). A mon avis, c’est donner trop d’importance à la couleur de peau que de définir une diaspora sur ce simple critère. C’est bien trop superficiel pour unir des millions d’être humains dont beaucoup souhaitent ne pas être définis par la couleur de leur peau. Par exemple, les panafricains sont dans une optique “post raciale” et se sentent aussi proche du magreb. Ou certaines personnes se sentant appartenir à une diaspora africaine sont clairs..

    Le terme diaspora évoque le rayonnement culturel d’une culture grâce à ses descendants qui continuent à se sentent plus ou moins lié à la culture de leurs ancêtre. Cf le Larousse c’est la “dispersion d’un peuple, d’une ethnie à travers le monde”. Diasporas africaines renvoient plus à l’idée de peuples et englobe une grande partie des afro-américains/européens ; les sino-africains… Et ça rend compte de leurs diversités.

    De toute façon, les zoos humains n’existaient pas que des noirs mais un peu tous les “indigènes” des colonies + les personnes au physique atypique. Des êtres humains exposés, ça existe encore. Il me semble qu’il y a un village de nain en Asie. Ils devraient être dénoncés sur un critère plus global que la couleur de beau.

    Sinon, j’aime beaucoup ton Blog et le fait que tu sois engagée à déconstruire les stéréotypes à leur base.

  6. Merci, mille mercis pour ce texte. J’ai du mal à croire qu’une telle expo se profile en France. J’ai encore plus de mal à croire que ces gens tellement préoccupés par le racisme ne voient pas en quoi c’est problématique.

  7. Fantastique article. Je m’en vais de ce pas lire la partie deux. Et encore ce n’est que la partie visible de l’Iceberg concernant les discriminations racistes qui existent dans le paysage culturel français. Pleins de soutien, plein de courage, plein de bonnes choses pour continuer, et au plaisir de lire encore et encore de nouveaux articles sur le sujet.

  8. “Donc, résumons : un artiste sud-africain blanc a décidé de reproduire un zoo colonial avec des personnes noires, à la manière des zoos coloniaux qui ont pris place durant la colonisation et expositions universelles, à l’adresse des personnes blanches.”

    Une bonne partie de votre argumentation me semble reposer sur cette idée, que vous exprimez encore plus clairement ici :

    ” la reproduction fidèle d’un zoo humain tiendrait en lui-même de la dénonciation, mais comment ?”

    Mais c’est faux. Exhibit B n’est pas “la reproduction fidèle d’un zoo humain”. Dans les zoos humains, il n’y avait pas de têtes coupées qui chantaient. Dans les zoos humains, on ne voyait pas de femmes noires enchaînées *dans une chambre et de dos*. Dans les zoos humains, on ne voyait pas des hommes attachés sur des sièges d’avion, des sans-papiers qui se font expulser. Dans les zoos humains, on ne lisait pas, à la fin de la visite, le témoignage des personnes mises en cage. Dans les zoos humains, le public ne se fait pas appeler par un numéro tiré au sort. Dans les zoos humains, quand on va visiter en famille ou avec des ami-e-s, les groupes ne sont pas séparés ou dissous au début. Dans les zoos humains, les personnes en cage n’avaient pas pour consigne de regarder les spectateur/trice-s jusqu’à ce que ceux/celles-ci soient mal à l’aise. Dans les zoos humains, il n’y avait pas de petit panneau décrivant la scène et mettant les spectateur/trice-s sur le même plan que le mobilier. Et les zoos humains ne s’appelaient pas “pièce à conviction”.

    Je suis furieux contre cette campagne, parce qu’elle se fonde sur une idée partielle et lacunaire de ce qu’est cette oeuvre – et je pense que beaucoup de signataires ont signé la pétition sur la base des informations lacunaires et donc trompeuses données par John Mullen. En réalité, vous l’appelez “zoo humain” parce que c’est le “sous-titre” que lui a donné Sara Myers, la militante britannique qui a lancé la pétition, sous-titre qu’a repris John Mullen dans sa pétition. Mais c’est une appellation trompeuse. Dans cette oeuvre, il y a plein d’éléments qui vont *contre* votre lecture de l’oeuvre comme étant raciste. Vous ne pouvez pas les passer sous silence comme ça ! Donc oui, à mon avis, les gens qui ont vu l’oeuvre et l’ont expérimentée comme spectateur/trice-s, ou au moins les gens qui, comme moi, ont lu pas mal d’articles là-dessus pour essayer de se faire une idée un peu juste de ce dont il est question (à savoir : une oeuvre qui ne reproduit pas les zoos humains, mais organise le malaise de son public en essayant d’inverser un rapport de domination en faisant que le voyeur est finalement vu et lui-même partiellement déshumanisé…), ont vraisemblablement un avantage épistémologique sur ceux et celles qui, comme vous, expliquent qu’ils/elles n’ont pas vu l’oeuvre et n’en ont pas besoin.

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